CRÉATION
Une grande souche d’arbre occupe la scène. Le sol est terreux. Quelques briques abandonnées ici et là. Un homme apparaît dans ce décor brut, le pas sec et sonore. Sa gestuelle, fière et percussive, Néstor ‘Pola’ Pastorive l’hérite des gauchos argentins dans la tradition des zapateos qu’en danseur virtuose, il a su ouvrir à d’autres influences.
C’est sûr les notes de piano d’une autre grande figure de la culture argentine qu’il évolue : Hilda Herrera, qui apparaît en fond de scène, sur un écran où sont projetés des documents alternants archives musicales et prises de parole. Si Nina Laisné s’est intéressée à ces formes d’expressions, c’est, outre leur beauté, pour leurs qualités subversives : ces traditions musicales du nord-ouest du pays véhiculaient des revendications en faveur des populations autochtones et paysannes – jusqu’à s’attirer les foudres des autorités, notamment dans les années 1960. Avec Como una baguala oscura, Nina Laisné met l’accent sur la portée universelle de ces héritages qui continuent de faire bouger les foules et conçoit une performance scénique délicate et puissante, à l’image de ces deux artistes qui, libres et novateurs, n’ont jamais sacrifié l’essence populaire de leur art.